Le kiai, ou l’importance du cri au Kendo
Une particularité qui ne manque pas de surprendre est la place centrale des cris et de la voix dans le Kendo.
Le Kiaï, cri exprimé avant le combat et pendant les frappes, est l’expression de l’esprit (ki) combatif du pratiquant, l’extériorisation de sa force mentale, qui se joint à son corps et son sabre pour frapper juste. Le cri est donc à la base du Kendo, résumé dans le concept de Ki ken tai no itchi : l’esprit, le corps, le sabre – unis.

Il ne s’agit pas d’un cri de gorge, mais bien d’un cri plus profond, venant du ventre. De cette manière, le cri est puissant et ne blesse pas la gorge ou les cordes vocales. En apprenant à crier avec le ventre, on apprends également à respirer de manière profonde et plus efficace (respiration diaphragmatique ou abdominale).
Au début du combat, pour impressionner son adversaire et démontrer sa force mentale, on apprends généralement à crier « Yaaa! ». Au fil de la pratique, ce Kiai devient un cri plus personnel, mais les techniques, elles, sont nommées à chaque frappe : « Men! Kote! ». Un cri fort, puissant et long est toujours recherché au Kendo. Il convient donc de crier avant, pendant et après la frappe.
Il n’est pas toujours facile de subitement se mettre à crier devant des inconnus : pas d’inquiétude, l’acquisition du Kiai se fait au fur et à mesure de la pratique. Par ailleurs, le Kiai évolue avec le pratiquant, s’affirmant au long de la pratique.

Mais les entraînements de Kendo sont aussi « sonores » car rythmés par les voix des élèves, qui en criant ensemble et en rythme pendant l’échauffement et les suburi s’encouragent pour la séance à venir. Généralement, le professeur ou sempai annonce « Ichi, Ni! » et les élèves complètent « San, Shi! », mais des variantes existent (le sempai annonce « Ichi Ni », les kohai « Sore! Sore! » etc.).
Il s’agit d’une adaptation au Kendo de la pratique japonaise du « kakegoe« , les cris et encouragements du public et des participants lors des spectacles de musiques traditionnelles ou de théâtre kabuki. C’est souvent qu’en début de stage, on entends les pratiquants dire « alors, on chante? » avant de commencer l’échauffement !
(c) Texte : Johanna Nowak pour Kendo Club Nord Gironde, Avril 2025
Photos : Kendo Photography
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